dimanche 13 mai 2018

"Larmes de combat" de Brigitte Bardot


Sous la direction d'Anne-Cécile HUPRELLE, B.B. nous livre son dernier combat, son dernier livre à 83 ans, ses "larmes de combat".

Si vous êtes comme moi un défenseur de la nature et donc des animaux, vous savez qu'au delà des polémiques, elle leur a voué sa vie.

Ce livre reprend tous ses combats, ses coups de gueule, avec semées ici et là, quelques anecdotes encore inconnues du grand public.

Sa ferveur reste intacte, l'espoir qui l'anime sera notre héritage. À nous d'en être dignes.

Quelques phrases qui m'ont touchées : 

Avant propos de Cécile HUPRELLE :
"L'Heure bleue, c'est le naturel en émoi, c'est l'animal qui exulte, c'est la vérité sans lumière. Et lorsqu'on l'a saisie, tout s'éclaire. Vivre l'Heure bleue, c'est saisir l'instant qui fuit."

"Je lui parlai de son âme et de sa nature animale, je lui parlai testament, ce mot qu'elle abhorre au plus haut point. Brigitte accepta sans réserve. Je lui proposais de tenir sa plume, ce qu'elle avait toujours refusé auparavant, et elle accepta."

"Le rapport que l'on entretient avec les êtres vivants en dit long sur nous."
"Saisir l'instant qui fuit comme la partie intacte de Brigitte : "On change d'amants, jamais de parfum." ou comme cette sincérité désarmante à propos d'un instinct maternel qui lui a autrefois fait défaut. Quand, un jour, elle m'a demandé si moi-même j'en possédais un pour mes propres enfants, je lui ai répondu qu'il n'était pas inné, mais acquis, que c'était une construction, un apprentissage, et que cette possibilité ne lui avait pas été offerte. Avant de nous quitter, elle me remercia : "Je n'ai peut-être pas été complètement un monstre alors..."

L'Heure bleue, c'est un début, l'Heure bleue, c'est une fin. C'est la possibilité d'un renouveau. Ce n'est plus une aube, mais pas encore un crépuscule."

B.B. :
"Je suis très sensible à la transcendance, à ce qui nous dépasse. Nous faisons partie d'un tout : ce fait ne me quitte jamais. La nature, la Terre, l'espace forment un ensemble homogène et cohérent. (...) Ce qui me fait peur, c'est de faire partie des humains."

"J'ai appris que la vanité humaine ne servait à rien lorsque j'ai veillé mon père mourant pendant des jours et des nuits, en 1975."

"Je respecte et j'embrasse ceux qui ne désanimalisent pas les animaux et qui ne déshumanisent pas leur propre conscience."

"Je commençais à ressentir en moi cette rage qui grandira chaque année dans mon cœur et dans mes tripes. Cette hargne qui fait déplacer des montagnes mais qui peut être aussi couronnée d'indifférence. Cette colère qui monte en moi comme une force venue d'ailleurs, capable du meilleur comme du pire, parfois." 

"J'ai donné ma jeunesse et ma beauté aux hommes et maintenant je donne ma sagesse et mon expérience aux animaux."

"Un musée, non pas à la gloire de Brigitte Bardot, mais un musée qui me ressemblerait, qui reviendrait sur ma vie humaine et mon rêve animal. Mes dernières volontés sont déjà entérinées  tout sera laissé intact à La Madrague."

"Ma mort donnera un sens à ma vie. Ma mort sacrera mon combat, le sens de mon combat."

"Les rapports superficiels où l'on cherche ses mots, la bonne position où l'on se valorise, ne m'ont jamais convenu. Moi, j'aime la sincérité. Pure et sans détour."

"Si mes prises de position ont parfois brouillé les messages humanistes que je portais, je le conçois mais je ne le regrette pas. Parce que ce qui est important pour moi, c'est de dénoncer l'horreur et la souffrance des égorgements à vif."

"On ne peut encore aujourd'hui accepter que des traditions religieuses s'expriment par le sacrifice animal." 

"La vérité  est que j'ai toujours été méfiante à l'égard de la religion quand elle domine les pensées et l'action humaine. J'ai fait une lettre, un jour, parce qu'une femme allait être lapidée au Nigéria et cette femme a été graciée. Encore une fois, je lutte contre la cruauté, la barbarie et l'exploitation des plus faibles, et d'autant plus si cela est fait au nom de Dieu."

"Maintenant je ne veux plus prendre parti pour qui que ce soit. Ce que je sais, c'est que lorsqu'on souhaite réellement le bien des animaux, qui est une cause supérieure entre toutes, car elle concerne le Vivant, je me moque du parti politique. Je n'ai jamais été une militante. Moi, depuis toujours, je réponds aux questions sans stratégie ni calcul."

"Je crois que le pire dans le deuil animal est que ce chagrin est incompris, et pis, parfois, tournée en dérision."

"L'élevage intensif, c'est le viol de la dignité de l'être vivant qu'est l'animal. Et c'est la Honte de l'être que l'Humain est devenu."

Propos du Pape: "Le cœur est unique et la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes."

"Ils acceptèrent le principe d'une saignée sur un animal inconscient, car le Coran ne l'interdisait pas.   Ce jour m'a confortée dans l'idée que, quelle que soit la religion à laquelle on appartient, le langage de la compassion appartient à tout un chacun, ce qui me sera confirmé lors de nombreux autres échanges que j'ai eu avec Dalil Boubakeur, car par la suite, nous sommes restés en contact, au moyen de courriels ou d'appels."

"La tradition... (...) Ce laisser-faire accorde aux défenseurs des ces traditions un permis de tuer inattaquable. Cette tradition-là est une insulte à l'idée de progrès dont l'humain se targue."

"Durant cette interminable corrida, j'ai éprouvé la différence qui fut toujours la mienne : définitivement, j'étais inadaptée à ce monde qui contemplait l'agonie d'un être vivant avec gourmandise."

"Savez-vous, Madame,  ce qu'est le pire pour une femme Guerlain ? C'est qu'on ne puisse pas la sentir." 

"La chasse, loisir traditionnel, n'est rien d'autre que la jouissance malsaine de faire couler le sang."

"Le progrès humain, c'est de faire avancer les droits des plus vulnérables."

"Si les réseaux sociaux avaient exister il y a trente ans, les choses auraient bougé plus vite, j'en suis convaincue. Car aujourd'hui la force des forums incite les médias à dévoiler l’innommable, ce qui influence largement les décisions politiques."

"A celles et ceux qui luttent contre la maltraitance animale, à leurs enfants et aux générations futures : je vous aime infiniment et profondément.
Mon âme est animale."

Merci à Anne-Cécile pour sa générosité.









samedi 12 mai 2018

Notre Dame de Chartres


La restauration continue de la cathédrale de Chartres pour notre plus grande joie.



Une partie du fameux labyrinthe








 L'horloge astronomique

 Saint Antoine de Padoue

 Un des cadrans solaires

 La reproduction végétale du labyrinthe

 Les jardins derrière la Cathédrale



vendredi 11 mai 2018

"Il reste la poussière" de Sandrine COLLETTE


Un roman très noir qu'on ne peut plus lâcher une fois ouvert. C'est un OVNI, indescriptible.

L'histoire se passe dans une ferme reculée au fond de la Patagonie, tenue par une femme rude, murée dans l'hostilité et l'indifférence, ne parlant que pour donner des ordres à ses fils. Le père ivrogne et bourreau lui aussi, est parti, laissant le domaine et les bêtes à sa femme et ses quatre fils.
Le plus jeune, Rafaël, est le souffre-douleur des trois autres jusqu'au jour où tout bascule.

Moments choisis : 

"La mère, c'est la mère. Ancrée et solide, d'une constance terrifiante, ils sont capables d'en rejouer les intonations, les menaces, les phrases qui vont suivre. Mais s'ils cherchent à en dessiner les traits, elle s'efface comme dans un rêve, floutée tel un fantôme, une silhouette sans contours, sans limites. La mère s'étend au-dessus de l'univers."

"Les absents sont morts - sa façon à elle de voir les choses, la mort ce n'est pas forcément être mort, c'est disparaître voilà tout."

"Il y a suffisamment de mal tous les jours pour ne pas s'en créer en vain. Et il faut continuer à s'occuper des brebis. Arque, ma fille. La vie n'attend pas qu'on ait envie d'y mettre les mains."

"Elle les déteste tout le temps, tous. Mais ça aussi, c'est la vie, elle n'a pas eu le choix. Maintenant qu'ils sont là. Parfois elle se dit qu'elle aurait dû les noyer à la naissance, comme on le réserve aux chatons dont on ne veut pas ; mais voilà, il faut le faire tout de suite. Après, c'est trop tard. Ce n'est pas qu'on s'attache : il n'est plus temps, c'est tout. Après, ils vous regardent. Ils ont les yeux ouverts. Et vraiment la mère y a pensé, mais elle a manqué le coche. Alors les jours où elle ne supporte plus les fils, elle se venge en se rappelant qu'elle aurait pu le faire. (...) En les entendant glousser à table, elle se remémore la naissance à chacun, et les doutes, et les tentations. Se mord la langue pour ne rien dire - bien sûr cela la soulagerait tant, mais cette carte-là, il faut la garder pour un jour exceptionnel, un vrai jour de haine, noir et profond."

"De tous temps il en a été ainsi, et les riches ont fait laver leurs fautes aux miséreux, rejetant sur eux la honte et le sang, parce que les pauvres s’en foutent, et qu’à leur tour ils transforment la saleté en argent. Cela ne les gêne pas de tendre la main ; ils y sont habitués depuis des siècles, c’est comme rincer la merde, et peut-être ils se pincent le nez mais ils finissent par le faire et c’est toujours assez bon pour eux."

"C'est le mot qui l'interpelle, un mot qu'il n'a jamais entendu. Le bonheur."

jeudi 10 mai 2018

A l'intérieur de Notre Dame de Reims

Deuxième volet de notre visite de la Cathédrale de Reims.


 "Lumière Divine" de Greg TRICKER

 Vitraux de Marc CHAGALL

 Vitraux d'Imi KNOEBEL



 Mosaïque romaine








dimanche 6 mai 2018

"Le Surveillant" de David Von Grafenberg

David, las de sa carrière dans la mode, décide d'accepter un peu par hasard ce job de surveillant (on dit assistant d'éducation) de collège des beaux quartiers. 

"Je n'aimais pas les enfants, car j'avais peur qu'ils voient en moi tout ce que je ne voulais pas qu'ils me rappellent, ce qui faisait moi, que je ne maîtrisais pas et ce pour quoi je ne pouvais rien. Mais, derrière chaque peur, il y a un attrait."

Dans chaque chapitre, David raconte un collégien et à chaque fois, ce que cet élève a permis de révéler en lui : une forme de thérapie par le don de soi.

Nous voici propulsés à l'intérieur de ce collège où sont mis à nu les petits et les grands désespoirs.

Quelques morceaux choisis : 

"A peine entré dans ce petit bâtiment en pierre de taille du XIXè siècle, l'odeur me surprit, un mélange de craie, de poussière et de bois humide. Aucun souvenir ne me vint à l'esprit. juste une sensation étrange, emplie de mélancolie et d'appréhension à la fois, aussi familière qu'indistincte."

"L'autorité n'est pas acquise d'entrée de jeu, elle se mérite et se fonde sur le partage. Et ça, ils vous le font vite comprendre."

"Cela soulagea ma dépression que le vide autour de moi avait laissé naître."

"(...) J'étais heureux d'aller à l'école. Celle faite de coeurs et non de cours."

"Et puis seule comptait l'affection que m'inspiraient les enfants. Ce sentiment, dans toute sa sincérité et son désintéressement, se révéla être le meilleur bouclier, la meilleure parade contre toute agression."

"Pareillement, naissait un sentiment d'appartenance à l'école, à ces enfants. Il y avait de la fraternité dans cette affection. Petit à petit, par la force des choses, nous nous appropriions mutuellement."

"La vie me nomma gardien, un temps, d'un univers qui ne se laisse pas capturer, dont aucun témoignage, aucune photo, ne restituera la réalité. Un monde fermé aux adultes, à ceux-là mêmes qui ont trop souvent oublié l'avoir connu, il y a longtemps."

"En ayant aidé à l'envol des enfants et veillé sur leurs mues, j'avais construit le cercueil de ma propre adolescence. Ma jeunesse pouvait enfin reposer en paix."





samedi 5 mai 2018

Notre Dame de Reims : la Cathédrale des anges.


Il m'aura fallu presqu'un an pour vous livrer ces photos prises lors d'une sortie familiale !
Pour la peine, je ferai deux publications : une à l'extérieur et une à l'intérieur. La richesse des lieux et le poids de leur histoire sont sans doute la cause de ma lenteur. 

La construction de cette cathédrale a commencé en 1211 mais elle n'était pas la première. La présence d'un évêque a été attestée à Reims au IIIè siècle. La première cathédrale se situe au niveau du parking St Symphorien. 
Au début du Vè siècle l'évêque Nicaise décide d'installer sa cathédrale sur d'anciens thermes romains. Plusieurs édifices se succèdent. En 1210 un nouvel incendie le frappe et dès 1211, un fabuleux chantier démarrera jusqu'au XVIè siècle, donnant naissance à celle que l'on connaît, ce fleuron de l'architecture gothique.


2303 statues ornent l'édifice mais "l'ange au sourire" est l’emblème de Reims.








Pour en savoir plus, ce reportage :



"La Femme qui ne vieillissait pas" de Grégoire DELACOURT


Imaginez un instant la vie que vous auriez si, à partir de 30 ans, vous ne vieillissiez plus extérieurement, seul votre organisme continuerait à prendre de l'âge. 

C'est finalement le rêve de beaucoup : arrêter le temps, pourtant Betty souhaiterait vieillir "normalement".

On retrouve avec joie l'écriture poétique et imagée de Grégoire DELACOURT et ses thèmes de prédilection : la famille, la nostalgie, la musique, la légèreté empreinte d'émotion. 

Quelques morceaux choisis : 

"Les rencontres les plus décisives sont toujours les plus simples me semble-t-il, juste un hasard, une seconde d'inattention et voilà l'autre qui s’immisce, nous réchauffe alors que nous n'avions pas froid."

"Il aimait bien regarder chez les gens. Les observer. Cela le rassurait de voir que la douleur était partout. Que des garçons de son âge étaient rentrés d'Algérie avec des blessures inguérissables, des cœurs arrachés, des bouches cousues pour ne pas raconter, des paupières collées pour ne pas revivre les horreurs. 
Il vitrait les silences comme on referme les cicatrices."

"Notre famille était une espèce en voie de disparition. Une fleur qui ne s'ouvrait plus au matin."

"Je le voyais rire comme jamais je ne l'avais vu rire, un rire du ventre de la terre."

 "Il n'est pas de chagrin d'homme qui ne puisse devenir une source d'amour."

"On fait un enfant, dit-elle, et il devient une tragédie, une honte de nous-même, quelle indignité moi qui avais toujours pensé qu'être mère immunisait contre le malheur."

"Non seulement j'étais aimée mais j'étais aussi préférée."

"J'aimais l'odeur de la sciure dans ses cheveux, de fougères, de sève sur sa peau ; j'aimais l'impatience de ses larges mains qui me déshabillaient-arrachaient mes vêtements, plutôt j'aimais son appétit de moi, insatiable, ses soupirs, ses râles, sa façon de m'étreindre, de m'étouffer, de m'aspirer en lui comme un buvard l'encre, son talent à me faire perdre pied ; j'aimais sa conjugaison amoureuse."

"Il a eu des mots méchants, comme toujours les hommes quand ils ont peur."

"Peut-être devenons-nous ceux qui nous manquent. Peut-être remplissons-nous le vide, par l'angoisse du vide. Peur-être cristallisons-nous ceux qu'ils ont été pour le garder auprès de nous toujours."

"Vieillir est douloureux et féroce, c'est laisser s'enfuir, sans qu'on puisse rien y faire, la suavité de sa peau, son grain laiteux, c'est laisser s'envoler les regards d'avant, qui venaient se poser sur nous... Ces regards gourmands, affamés souvent, qui nous font nous sentir belles et savoureuses, et dont l'insistance, la vulgarité, sont des louanges."

"Je suis contente aussi que les choses ne durent pas, tu sais, qu'elles s'achèvent, car cet achèvement charrie ce qui nous tue, comme ce qui nous libère. Et j'ai besoin de cette liberté maintenant Betty."






Géométrie parisienne


En attendant le train...