samedi 21 mai 2016

"L'Écrivain national" de Serge JONCOUR

J'ai passé un très bon moment à la lecture de ce "dernier Joncour". Très différent de : "L'amour sans le faire" et "Combien de fois je t'aime". Mais toujours aussi bien écrit. Je lis en espérant trouver à chaque page une phrase ou carrément un passage que je dégusterais avec avidité ! C'est la magie Joncour !! Et là encore, je ne suis pas déçue. 

C'est l'histoire d'un auteur qui est invité par des libraires en résidence pendant un mois dans une petite ville du Centre de la France. Et à partir de là, on est happé par la vie de village : les cancaneurs, les taiseux, les inquiétants...
Ce livre est presqu'un thriller bucolique. Car l'auteur est, malgré lui, fasciné par la disparition d'un des habitants.
On a hâte de savoir la suite !! 

Quelques passages parmi mes favoris :
"Après 10 ans de vie commune, 10 ans d'une vie dont il ne restait rien, ni famille, ni enfant, on s'était séparé, mon deux pièces résonnait depuis d'un vide atroce, je vivais chez moi comme chez deux absentés, elle me manquait alors qu'on n'en pouvait plus, elle me manquait alors que je n'y tenais plus, elle me manquait comme un parent irrémédiablement effacé."

"En plus, il y avait ce ruissellement de musique tombée d'enceintes ambitieuses, rien moins que du Beethoven mais à l'accordéon. Dans le fond, je ne méritais pas ça." 

"Marie alluma une cigarette et tira une longue bouffée avant de dire paradoxalement :
-De l'air ! Ça fait du bien ! "

"(...) Lire, c'est plonger au coeur d'inconnus dont on percevra la plus infime rumination de leur détresse. Lire, c'est voir le monde par mille regards, c'est toucher l'autre dans son essentiel secret, c'est la réponse providentielle à ce grand défaut que l'on a tous de n'être que soi."

"Le problème avec le passé, c'est de s'y voir plus beau qu'on ne l'a vraiment été."

"De ces dix années seules me manquent l'insouciance profonde et cette excessive santé, la constance tranquille de tutoyer l'excès."

"C'était profondément humiliant de se retrouver comme un môme devant un officier de gendarmerie, un inconnu qui soudain s'interpose entre soi et le cours des choses."

"Tomber amoureux de vous, c'est être suspendu à la peur de ne jamais vous revoir."

"Je n'aurais jamais pu être prof, jamais je n'aurais eu la force de capter l'attention de tant de mômes toujours prêts à penser à autre chose, de rester des heures sous le feu de tous ces regards sans indulgence, c'était plus dur que tout."

"Tomber amoureux, c'est voir l'autre comme un mystère dont on ne supporte pas d'être exclu, c'est redouter de ne pas l'atteindre, ne plus penser qu'à une chose : le revoir, le côtoyer."

"D'une manière générale, je ne me défends pas contre l'amour, au contraire je le cherche, je soupçonne même cette arrière pensée derrière toute envie d'écrire, toucher l'autre, séduire, atteindre enfin cet être idéal grâce à qui tout recommencera. L'aventure d'un soir me désole, tout comme me désole le désir fondé sur le manque ou l'ennui."

"(...) Je ne désire plus qu'une chose, la grande histoire, cet amour ultime éclairé par les échecs antérieurs, l'amour sans bornes ni déboires, l'amour fort et sûr, mais plus de ces passions éteintes au bout de trois mois, de ces amours déchues au bout de deux ans, de ces complicités mortes..."

"(...) un amour impossible, c'est déjà de l'amour, c'est déjà aimer, profondément aimer, quitte à en prolonger le vertige le plus longtemps possible."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire