jeudi 15 juin 2017

"Mon dernier cheveux noir" de Jean-Louis FOURNIER


Un roman très drôle de Jean-Louis Fournier !

"Je regarde une vieille photo. J'étais pas mal, avant. Pourquoi, chaque année, je me trouve de moins en moins bien ? Peut-être parce que c'est l'hiver ? Si vous passez l'hiver, vous verrez : l'été, c'est pareil. Vous savez comment on s'aperçoit qu'on est vieux ? Quand, même bronzé, on reste moche. "

"Rappelez-vous que « passé cinquante ans, si on se réveille sans avoir mal nulle part, c’est qu’on est mort » partout"

  "Mon arrière-grand-père est mort, mon grand-père est mort, mon père est mort… Je crains que ce soit héréditaire. "

  "Moins on a de souffle, plus on a de bougies à souffler. Soupire le centenaire "

"J'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour éteindre les soixante bougies. Tout le monde rit dans mon dos. Je pense qu’ils se foutent de ma gueule. "

"En vieux français hip-hop se dit Parkinson. "

  "Vous savez comment on appelle le curriculum vitae d’un vieux ? Des archives. "

  "Avant, je brûlais ma vie à feu vif. Maintenant, je laisse mijoter, à feux doux. C’est plus long, mais c’est meilleur. "

"Il y a cinquante ans, la durée moyenne de vie était de soixante-dix ans.
La durée moyenne d'un film était de quatre-vingt dix minutes.
Aujourd'hui, la durée moyenne de vie est de quatre-vingt dix ans.
La durée moyenne d'un film de cent vingt minutes.
C'est mieux?
Ça dépend du film."

"Danser au bord de l'abîme" de Grégoire DELACOURT


Ce n'est pas le roman qui m'a le plus touchée de Grégoire Delacourt mais j'ai quand même beaucoup aimé !!



L'histoire : Emma, quarante ans, mariée, trois enfants, heureuse, croise le regard d’un homme dans une brasserie.


Aussitôt, elle sait.




Quelques passages superbes :


"C'est étonnant, parfois, les vies que les autres vous prêtent. La façon dont ils se racontent votre histoire. "




"Le désir, c'est cette tâche qui apparaît là où elle fait le plus mal. Plus on essaie de l'enlever, plus on frotte et plus la tâche augmente. Elle devient une obsession, visible de tous, jusqu'à être indélébile. Jusqu'à faire partie de nous. La résistance ne fait qu'augmenter le désir. Il prend possession de nous. "




"Je n'ai pas connu la colère.


Je n'ai pas ressenti de rage. Pas lacéré ma peau avec des silex.


J'ai eu une tristesse dégradante.


J'ai perdu beaucoup de mots.


J'ai eu un deuil curieux, sans contrepoids, et je suis devenue le deuil de lui-même."




"Je le regarde. Je ne pleure pas. Les larmes n'ont jamais rien fait pousser. "




"Les larmes sont un langage qui ne peut être compris que par celui qui a déjà pleuré. "




"Je sais maintenant que le deuil est un amour qui n'a plus d'endroit ou se loger. "




"Je crois que l'on "trébuche" amoureux à cause d'une part de vide en soi. Un espace imperceptible. Une faim jamais comblée. "




"La durée n'est pas une vertu de l'amour, l'intensité si. "




"En cherchant l'origine de mes failles, je découvre avec amertume que nos souffrances ne sont jamais profondément enfouies, nos corps jamais assez vastes pour y enterrer toutes nos douleurs. "




"Nous sommes davantage faits de ce qui nous a traversé que de ce qui nous est resté. "




"Payer pour ses pêchés, c'est leur laisser avoir le dernier mot."




"Les espérances ne suffisent pas, elles sont la négation de l'instant. "




"Mais a-t-on besoin de toujours tout savoir? On veut juste se perdre. On cherche la chute. Celle qui donne des ailes. L'illusion sublime. On rêve toutes d'un instant parfait. La trajectoire merveilleuse qui mène à l'écrasement"




"Certains jours, assise sur le sable, je pleurais. Alors je courais dans la mer noyer mes larmes et je sais, depuis, pourquoi la mer est salée. "




Et encore et encore...
Merci Marlène pour le prêt. :*

mercredi 7 juin 2017

Arbre, mon ami

"Écouter la forêt qui pousse plutôt que l'arbre qui tombe." George Wilhelm Friedrich HEGEL


"Pars avec lui" d'Agnès LEDIG

Résumé : Lui est pompier, elle est infirmière. Ils se rencontrent pour la première fois en soins intensifs. Ça semble simple, évident et pourtant... 

Un roman qui nous prend les tripes ! On ne peut pas l'oublier.
Tout s'y côtoie : l'amour, la haine, la violence, l'amitié, l'adolescence, le désir d'enfant, la vieillesse et la perte de ses facultés...

Quelques beaux moments :
"- On n'est rien si on n'a pas d'enfant.
- On est soi. Les enfants sont notre descendance, ils ne sont pas nous.
- Oui mais notre descendance nous constitue! Si je n'ai pas d'enfant, ça s'arrête là, pour moi, à l'échelle de l'univers.
- C'est grave que ça s'arrête après vous?
- Je n'aurai servi à rien.
- Le but n'est pas de servir, mais d'être non?
- Je ne suis rien sans enfant."

"Vous visualisez votre cœur, vous visualisez le sien, le trajet est court, et vous imaginez un arc-en-ciel d'amour de l'un à l'autre. Un arc-en-ciel, parce que l'amour est tout aussi impalpable et immatériel et tout aussi coloré. "

"Savoir qu'il y a quelqu'un quelque part qui pense à vous, qui vous réserve un petit coin dans son cœur, au chaud, à l'abri de tout, c'est comme une couverture toute douce qui vous enveloppe et vous protège du froid. "

"Les rencontres, les amours, les occasions, les au revoir ou les adieux, les petites joies et les grandes peines, les petites peines et les grandes joies. Chacun y participe, à son échelle, mais finalement, c'est le destin qui décide. Le destin. Souvent pour des bonnes raisons.
Ce destin, nous avons décidé de l'influencer quand même un peu pour qu'il chemine vers d'autres expériences. "

"Nous sommes la somme de nos choix mais aussi de nos non-choix. Il faut assumer, et les regrets ne changent pas le passé. Par contre, ils ternissent le présent. Si on ne peut pas revenir en arrière, on peut au moins composer avec le présent pour les instants suivants soient meilleurs. "

"Quand on est vide, on n'est rien. Je suis quoi ? Pas une mère, en tout cas. Ou peut-être que si ? Ca suffit quelques semaines de grossesse pour se déclarer mère ? L'enfant mort valide-t-il les acquis ? Je repense à ce connard de gynéco qui était de garde la nuit où j'ai expulsé. "Vous en ferez un autre, madame." J'ai failli lui sauter à la gorge, hurler en lui crachant au visage tout ce que j'avais dû faire pour arriver jusque-là. Et qu'aucun autre ne remplacerait jamais celui-là. Même pour les chiens on ne dit pas des choses comme ça. "

"J'ai nié ma liberté d'être. Mais je sens qu'elle revient. Je la sens qui remonte avec la force d'une vague puissante, moi qui faisais la planche sur ma vie pour ne pas couler. Une grosse vague déferlante qui m'a retournée, secouée, cognée contre le rocher, j'aurais pu mourir, mais puisque je suis encore vivante, je vais nager jusqu'à la plage et fuir le requin. L'odeur du sang l'a excité. C'est l'odeur de ma vulnérabilité qui l'excite depuis des années."

"Voir une femme de quatre-vingt-sept ans pleurer comme une petite fille laisse une trace indélébile. Parce qu'à cet âge-là, on ne devrait plus avoir de raisons de pleurer, on devrait avoir atteint le forfait maximum. Les quelques années restantes et comptées ne devraient être que du bonheur, que du bonus, la cerise sur le gâteau, la pièce montée d'une vie. Une pièce montée au goût sucré, pas salée de larmes..."

"Sous une apparence calme, cet homme est en tension permanente. Je ne sais pas ce qu'il y a derrière la façade. Il parle très peu. Parfois, j'aimerais être comme lui. Ne pas éprouver le besoin de me confier et ne pas non plus souffrir de tout garder pour moi. Mais qui dit qu'il ne souffre pas ? Qui dit que les hommes silencieux ne souffrent pas ? Qu'ils ne se murent pas dans le silence pour se conformer à une image imposées par la société ? Pas le droit de pleurer, à peine de rire, interdit d'aimer ou de s'attacher, la colère réprimée et la joie suspecte, et que dire de la tendresse."

"Ça ne s’explique pas. Mais je n’aime pas m’attacher. Quand on s’attache, forcément on se détache, et c’est souvent douloureux. "

" C’est tout au fond de soi, dans l’obscurité des failles profondes, que l’on trouve parfois la force de se battre pour la lumière.
L’amour sans respect n’est pas l’amour. En prendre conscience et le fuir ne constitue ni un échec ni même une défaite, mais une grande, une très grande victoire."

" Sortez des sentiers battus et ouvrez les yeux. Il n'y a aucun hasard dans la vie, aucun. Le destin est tracé pour nous et pour de bonnes raisons."

Et encore et encore !
Un livre merveilleux...

Hendaye : surf ou pas surf ?


"Un appartement à Paris" de Guillaume MUSSO

Musso part dans le thriller. L'intrigue est intéressante et, comme à chaque fois, il nous tient en haleine jusqu'au bout. 


Résumé :
« L’art est un mensonge qui dit la vérité… »
Paris, un atelier d’artiste caché au fond d’une allée verdoyante.
Madeline l’a loué pour s’y reposer et s’isoler.
À la suite d’une méprise, cette jeune flic londonienne y voit débarquer Gaspard, un écrivain misanthrope venu des États-Unis pour écrire dans la solitude. Ces deux écorchés vifs sont contraints de cohabiter quelques jours.
L’atelier a appartenu au célèbre peintre Sean Lorenz et respire encore sa passion des couleurs et de la lumière. Terrassé par l’assassinat de son petit garçon, Lorenz est mort un an auparavant, laissant derrière lui trois tableaux, aujourd’hui disparus. Fascinés par son génie, intrigués par son destin funeste, Madeline et Gaspard décident d’unir leurs forces afin de retrouver ces toiles réputées extraordinaires.
Mais, pour percer le véritable secret de Sean Lorenz, ils vont devoir affronter leurs propres démons dans une enquête tragique qui les changera à jamais.
Guillaume Musso signe un thriller addictif et envoûtant porté par des personnages profondément humains. Une plongée vertigineuse dans le monde mystérieux de la création.

Cette fois, j'ai moins accroché. Mais est-ce l'histoire que me touchait moins ou d'autres facteurs ?

Quelques très bons moments cependant !
 
"Mais à partir d'un certain degré d'horreur et de barbarie, le sens et la rationalité n'étaient plus des outils performants pour décrypter les comportements humains. "

"Pour échapper à la brutalité d'une époque gouvernée par la technologie, la bêtise et la rationalité économique, nous reste-t-il d'autres armes que l'art, la beauté et l'amour ? "

"Lorsque tu as un enfant, d'un seul coup, tes étoiles s'alignent dans le ciel. Toutes tes erreurs, toutes tes errances, toutes tes fautes sont rachetées par la simple grâce de la lumière dans un regard. "

"Vous connaissez le mot de Shakespeare : "même le bête la plus féroce connaît la pitié." Mais l'homme ne connaît pas de pitié. L'homme est le pire des prédateurs. L’homme est une vermine qui , sous couvert d'un vernis de civilisation, ne prend son pied qu'en dominant et en humiliant. Une espèce mégalomaniaque et suicidaire qui hait ses semblables parce qu'elle se déteste elle-même. "

"La solitude a deux avantages : d’abord d’être avec soi-même, ensuite de n’être pas avec les autres. "

Il se rappela la phrase d’Hemingway : « Un homme intelligent est parfois forcé de boire pour pouvoir passer du temps parmi les imbéciles. »

"La vie ne repasse pas les plats. Les occasions perdues le sont pour toujours. La vie ne fait pas de cadeau. La vie est un rouleau compresseur, un despote qui tient son royaume en y faisant régner la terreur par son bras armé : le Temps. Et le Temps gagne toujours à la fin. "

"Le monde était rempli de casse-couilles, d'emmerdeurs de tout poil, de chieurs en tout genre. Les fâcheux, les gêneurs, les enquiquineurs faisaient la loi. Ils étaient trop nombreux, se reproduisaient trop vite. Leur victoire était totale et définitive. "

"Roissy-Charles-de-Gaulle, zone des arrivées.
Une certaine définition de l'enfer sur terre. "

"Il avait dit sans doute. Elle n'avait jamais véritablement compris la logique de cette expression. Chaque fois qu'elle l'entendait, elle se demandait pourquoi sans doute signifiait peut-être et non pas sans aucun doute. "

"Être immortel vous donne l’opportunité de veiller le plus longtemps possible sur les êtres qui vous sont chers "