Aurore est Parisienne, styliste et mère de famille, Ludovic est fils d'agriculteur et veuf. A priori tout les sépare, pourtant ils vont se rencontrer et s'apprivoiser autour d'une histoire de corbeaux...
J'ai mis du temps à le commencer (Une montagne de livres m'attend à la tête de mon lit ! ) mais très peu à le finir : une merveille ! D'ailleurs, Serge JONCOUR a reçu le prix Interallié pour ce titre.
Depuis "Combien de fois je t'aime", je suis une amatrice des livres de Serge JONCOUR. Un regard aiguisé, instantané sur les femmes, l'amour, la campagne... Et des phrases qui sonnent tellement justes. Des sentiments qu'on ressent et qu'il sait décrire, transmettre parfaitement.
Quelques mots justes pour moi :
"Aux premiers moments d’une histoire, l’idée de l’autre obsède, on y
pense tout le temps, ce qu’on a vécu avant n’existe plus, le passé est
cette chose insignifiante et prodigieuse qui s’est contentée de nous
amener là, comme si vivre n’avait servi qu’à ça, à ce besoin de
retrouver l’autre."
"L’inconvénient de paraître aussi solide, c’est que les autres ne
s’étaient jamais inquiétés pour lui, on l’avait toujours cru fort."
"Une famille, c'est comme un jardin, si on n'y fout pas les pieds ça se met à pousser à tire-larigot, ça meurt d'abandon."
"Parfois, on en vient facilement à douter de soi, surtout quand il s'agit de s'imposer, de s'imposer fermement."
"Elle sentait que par moments on peut perdre la force d'être soi."
"Au moins face à cet homme elle se sentait hors de ces questions, hors de
sa vie, à lui elle pouvait tout dire, et miracle il l’écoutait. Aux
autres, elle n’arrivait plus à parler, s’ouvrir sur ses difficultés
c’était en ajouter aux leurs. Alors que lui semblait inébranlable,
absolument pas influençable, un genre de rempart, de mur porteur, lui il
pouvait tout endurer, tout entendre, ce que cet homme lui offrait
par-dessus tout, c’était son écoute, il l’écoutait sans la juger, il la
devinait, d’ailleurs ça l’intriguait qu’il n’attende rien d’elle, il
paraissait être là pour l’aider bien plus que pour l’aimer, mais
était-ce possible qu’un amour soit essentiellement dédié à cela, à aider
l’autre, et aider l’autre est-ce déjà l’aimer, surtout lorsque ça ne
marche que dans un seul sens, pourquoi il faisait ça ?..."
"Il y a des êtres comme ça, qu'on ressent fortement, et même si on ne les
connaît pas, même si ça se passe mal, d'instinct on se sent liés à eux."
"C'est cinglant de réaliser que quelqu'un n'est pas pour soi, qu'on n'y a pas droit."
"Aurore goûtait à la légèreté de s'offrir à une relation réglée
par le hasard et l'envie, c'était bien plus excitant que les rendez-vous
prémédités ou pris de longue date, bien plus précieux que les habitudes
ou le quotidien.
Elle se sentait bien auprès de cet homme qui écoutait. Elle se disait
qu'à chaque fois qu'ils se verraient ce serait une pure parenthèse,
comme un dépaysement, des îlots parsemés dans sa vie, elle passerait
d'île en île, attendant la prochaine dans le souvenir de la précédente"
"Quand d'un coup, on s'embrasse, c'est que vraiment on n'en peut plus de
cette distance, même collés l'un à l'autre on a la sensation d'être
encore trop loin, pas assez en osmose, de là vient l'envie de se fondre,
de ne plus laisser d'espace."
"Ils sont rares ceux qui donnent vraiment, ceux qui écoutent vraiment."
"Attendre l'autre c'est déjà partager quelque chose."
"Les autres existent aussi quand ils ne sont pas là."
"Quand on a vu la maladie gagner, jour après jour, sur le visage de celle
qu'on aime, quand on a pris, jour après jour, la mesure de son
impuissance totale face à la maladie de l'autre, qu'on a flotté pendant
des mois dans des angoisses qui ne font que vous parler de la mort,
qu'on est suspendu, jour après jour, à de nouveaux diagnostics, sans
cesse renvoyé à son impossibilité totale d'agir, et qu'on est obligé
d'admettre que malgré tout l'amour qu'on porte à celle qu'on aime, on ne
peut rien pour elle rien, alors après ça, on n'a plus peur de rien."
"En ville, le fleuve, c’est le seul élément de nature qui s’impose, qu’on
ne dévie pas, qui décide de tout. En ville, le fleuve, tout part de lui
et tout y retourne, comme une rivière à la campagne, c’est l’origine
même des lieux de vie."
"Vivre en ville distille ce genre d’angoisse dans les veines, le stress
d’être bloqué au milieu des autres, de devoir gérer sa frustration, de
se contenir en maudissant tous ceux qui sont autour… Coincé dans cet
embouteillage, il était bloqué par ces milliers de présences
agglutinées, autour de lui les autres n’étaient qu’un bloc compact et
incommodant, une entrave, finalement tout le monde le gênait ici."
"Il y a comme ça des projets qu'on garde en soi et qui aident à vivre."
"Il y a des êtres comme ça, qu'on ressent fortement et même si on les
connaît pas, même si ça passe mal, d'instinct on se sent lié à eux."
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