dimanche 18 mars 2018

La Grand-Mère de Jade de Frédérique DEGHELT


Un livre très touchant qui fait revivre des sentiments qui étaient enfouis mais qui tiennent chaud dedans.
C’est l’histoire de Jade, une trentenaire parisienne et récemment célibataire qui décide d’héberger sa grand-mère vouée à la maison de retraite par ses propres filles.

La petite fille connaissait sa grand-mère, elle va apprendre à connaître la femme.


Quelques phrases aimées :

"Il s'est produit quelque chose qui a grandi, qui de livre en livre s'est mis à accaparer mes yeux, mon souvenir et toutes les parties de mon corps. Je me souviens d'avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombaient des étagères pour venir répondre à des questions que me posait l'existence. J'ai récupéré ainsi la patience à une époque où je serais partie dans l'exaspération, découvert les vertus de l'amour rêvé, abandonné le voyage à d'autres vies, rangé le meurtre au rayon de l'impossible. J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres." 
 
"Il ne faut rien regretter, cela empêche de bien vivre."
 
"Mais je crois que choisir son lieu de vie et les êtres qui sont autour de soi est la dernière dignité qui reste à un être vieillissant..."
 
"La part de rêve que m'offre la lecture me révèle une réalité, la mienne."
 
"Tu vois, dans la vie, on ne dit pas tout ce qu'on pense, on ne pense pas tout ce qu'on dit et l'on ne fait pas non plus tout ce qu'on croit."
 
"En amour plus qu'ailleurs, le silence est préférable aux mots dits. Je goûte l'instant, je jouis du silence pour conjurer le temps."
 
"Il ne peut y avoir de décisions innocentes quand les enfants deviennent les parents de leurs parents. J'ai maintenant cessé d'être votre refuge pour devenir votre fardeau. "
 
"Les miroirs n'ont aucune importance quand on vit depuis très longtemps dans le regard amoureux d'un être que l'on connaît par cœur."
 
 "On ne regrette jamais ce qu'on n'a pas choisi. On regrette la chance qu'on a laissé passer."
 
"Un baiser mais à tout prendre, qu'est-ce ? Un serment d'un peu plus près, une promesse... C'est un secret qui prend la bouche pour oreille... Une façon d'un peu se respirer le cœur... Et d'un peu se goûter au bord des lèvres l'âme !
(Cyrano)"
 
"Je me suis mise à observer la vieillesse. Elle n'intéresse personne. Plus il y a de vieux, plus ils sont jeunes. Je me souviens d'un temps où je pouvais dire les vieux sans avoir la sensation d'avoir commis une bourde... Maintenant, on ne dit plus vieux, on dit troisième âge comme une quatrième dimension. On dit les octogénaires ou les octos, dernière coquetterie d'une race nouvelle que je trouve lâchement complice de ces fioritures verbales. Réussir sa vieillesse, c'est trouver une seconde jeunesse. Quel désarmant paradoxe! Rajeunir ou disparaître voilà le choix....
Quand j'étais jeune, les vieux étaient vieux et aujourd'hui que je suis vieille les vieux se doivent d'être jeunes. Il faut se résoudre à vivre dans un monde dans lequel notre âge est valorisé dans la mesure où nous ne le paraissons pas. Et nous voilà de plus en plus nombreux à nous cacher dans des tranches qui ne sont pas les nôtres. Ce doit être une sorte de guerre des vivants. Quant aux autres, ceux qui ne peuvet pas tricher, on les dissimule comme on peut..."
 
"Prendre la rue du plus tard, c'est arriver à la place du jamais."
 
"Vous êtes comme moi. Vous aimez l'accident d'un rêve enseveli dans un roman. Vous aimez que l'écriture accroche la douleur aux ténèbres pour en faire de la lumière"
 
"La mer quand on la rencontre tardivement, nous souffle l'idée que sans elle vous étiez orphelin..."
 




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