jeudi 16 août 2018

"Chanson douce" de Leïla SLIMANI


Un livre passionnant et troublant à la fois. 

Pour ceux qui ne connaissent pas ce livre, je ne vais pas dire grand chose car l'histoire commence par la fin et Leïla SLIMANI détricote l'intrigue et nous transporte du quotidien vers l'horreur. Absolument tout le contraire de ce que peut nous laisser présager la couverture et le titre. 

Quelques phrases intrigantes : 

"Elle était jalouse de son mari. Le soir, elle l'attendait fébrilement derrière la porte. Elle passait une heure à se plaindre des cris des enfants, de la taille de l'appartement, de son absence de loisirs. Quand elle le laissait parler et qu'il racontait les séances d'enregistrement épiques d'un groupe de hip-hop, elle lui crachait: "Tu as de la chance".
Il répliquait:"Non, c'est toi qui a de la chance, je voudrais tellement les voir grandir."
À ce jeu-là, il n'y avait jamais de gagnant. "

"En comptant les heures supplémentaires, la nounou et toi vous gagnerez à peu près la même choses. Mais enfin, si tu penses que ça peut t'épanouir..."
Elle a gardé de cet échange un goût amer."

"On lui a toujours dit que les enfants n'étaient qu'un bonheur éphémère, une vision furtive, une impatience. Une éternelle métamorphose. "

  "Tu vois, tout se retourne et tout s’inverse. Son enfance et ma vieillesse. Ma jeunesse et sa vie d’homme. Le destin est vicieux comme un reptile, il s’arrange toujours pour nous pousser du mauvais côté de la rampe."

"On se sent seul auprès des enfants. Ils se fichent des contours de notre monde. Ils en devinent la dureté, la noirceur mais ne veulent rien savoir. "

"La vie est devenue une succession de tâches, d'engagements à remplir, de rendez-vous à ne pas manquer. Myriam et Paul sont débordés. Ils aiment à le répéter comme si cet épuisement était le signe avant-coureur de la réussite. "

"Nous ne serons heureux, se dit-elle alors, que lorsque nous n’aurons plus besoin les uns des autres. Quand nous pourrons vivre une vie à nous, une vie qui nous appartienne, qui ne regarde pas les autres. Quand nous serons libres. "

"Elle marchait dans la rue comme dans un décor de cinéma dont elle aurait été absente, spectatrice invisible du mouvement des hommes. Tout le monde semblait avoir quelque part où aller."

"Elle voudrait élargir l'horizon de ces enfants voués à devenir des gens corrects, à la fois serviles et autoritaires. Des froussards. "

"On la regarde et on ne la voit pas. Elle est une présence intime mais jamais familière. "

"Elle doit admettre qu’elle ne sait plus aimer. Elle a épuisé tout ce que son cœur contenait de tendresse, ses mains n’ont plus rien à frôler."

"Son visage est comme une mer paisible, dont personne ne pourrait soupçonner les abysses. "

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