mercredi 13 novembre 2019

"Le roman vrai d'Alexandre" par Alexandre Jardin



Ah ! Enfin ! On m'avait dit VRAI ! Finis les mensonges, les fausses amours... Alexandre Jardin se livre, se met à nu au risque de surprendre, de décevoir pourquoi pas ?
Et bien, je le préfère ainsi. 
Il retrace sa vie depuis sa prime enfance, ses amours, sa famille et raconte comment il a commencé à écrire la vie qu'il aurait aimé vivre plutôt que de la vivre. Une sorte de dédoublement de personnalité incarnée dans ses livres et sur les plateaux télé.

Le risque maintenant est d'imaginer que la vérité n'est plus. Ni avant ni maintenant. Il le dit lui-même d'ailleurs : Est-ce que ce roman biographique n'est pas un coup de com. ? C'est le risque qu'il a pris. J'espère pour lui qu'il va pouvoir maintenant se libérer des vieux démons qu'il a décrits dans son "Roman vrai" et renaître de ses cendres. 

Quelques morceaux choisis : 

"Mais je suis trop papa et trop au bout de mes ruses pour continuer ma route sur la ligne de crête du chiqué littéraire.
Et puis je sais qu'un vrai livre doit être un risque inconsidéré : quelque chose entre la roulette russe, le blasphème et le banco. A chaque ouvrage, ne faut-il pas s'interdire de vieillir ? Et redémarrer en roue arrière ?"

"A mort ! ce bateleur qui fit de moi un autre que moi, une sorte d'étranger superposé à ma vérité. Je vomis le réjoui si triste que j'ai soutenu à toute force. Viennent les jours légers de l'abandon de toute comédie.
Même s'il faut pour cela, ébrécher la statue et avouer mille contrefaçons ! Alexandre le Petit est mort! Vive Alexandre le Grand -celui qui justement n'a rien de grand. aujourd'hui j'ai rendez-vous avec l'homme ordinaire que je n'aurais jamais dû cesser d'être.
Désormais,  je m'apprête à devenir un auteur qui tentera une tout autre littérature, remueuse de réel, interpelante et entichée de la vérité brute des gens, aux antipodes de la précédente, si éloignée des réalités acides de notre quotidien. "

"Exilé en Irlande, dès le lendemain des obsèques de mon père, je me mets aussitôt à exécuter des croquis littéraires de l'absent. J'ai une douleur drue. Au moment où le magicien me lâche, je tente de l'enclore dans des notes pour qu'il ne tombe pas dans une trappe d'oubli.
Pour la première fois, écrire me sauve de justesse de la noyade. Son odeur s'évapore de ses pull-overs que j'ai emportés dans mon sac de voyage et que je respire chaque soir. S'il existe un substitut à l'amour, c'est bien la mémoire. Graver le passé rétablit des bribes de l'intimité."

"-si le sort avait eu du talent-Un rêve presque littéraire au secours d'une vie que je ne sais plus vivre."

"Me voici de retour dans une vie invivable, occupée par une absence."

"Ce n'est qu'un quart de siècle après avoir appris son décès légal que je suis devenu vraiment orphelin de père.  Le manque ne se révèle insoutenable qu'avec les années."

"Fragiles, les êtres évidés se remplissent du regard des autres."

"Cette tribu ne portait pas de nom, n'avait pas de territoire ni d'autre doctrine que la joie d'oser vivre sa vie. Il suffisait d'être anormalement authentique pour savoir qu'on en faisait partie."

"Aujourd'hui, je cuve parfois ta mort. Ton hospitalité nomade me manque comme le grand air frais de ta liberté. J'ai été si présent en face de toi."


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