mercredi 4 mars 2020

"Et toujours les forêts" de Sandrine Collette


Les forêts ! Thème du moment s'il en est... J'ai quitté à regrets "La panthère des neiges" de Sylvain Tesson pour vite commencer "Et toujours les forêts" de Sandrine Collette. En effet, elle nous a fait l'honneur de sa visite dans notre jolie librairie du Centre Ville de Dreux : La Rose des Vents, pour un entretien public suivi d'une séance de dédicaces. Je me devais de lire ou du moins de commencer son dernier roman que j'ai terminé depuis !

La question c'est : comment une personne qui a l'air si affable, sympathique et j'ai envie de dire "normal" peut écrire de telles histoires ? Ceux qui ont lu "La dernière vague", "Il reste la poussière"... me comprennent ! Des drames, de l'horreur quotidienne poussée à son paroxysme, des histoires qui nous marquent à jamais. 

"Et toujours les forêts" est un roman post-apocalyptique un peu à la façon de "La route" de Cormac McCarthy. L'histoire commence avec l'arrivée du personnage principal, Corentin que sa mère ne veut pas mettre au monde et s'échine à "faire passer. Le pauvre ! Sa vie commence très mal mais bien que bringuebalé de familles d'accueil en amies de sa mère, il finit presque par avoir une vie "normale" auprès d'une vieille dame, Augustine, au coeur de la forêt et même aller faire ses études à la grande ville. 
Quand soudain la catastrophe arrive et le monde que l'on connaît n'est plus... Je n'en dis pas plus car je déteste que l'on déflore les histoires. 

Un roman noir sur la résilience, l'écologie, l'environnement, la relation homme-chien; les relations humaines au sens très large, l'enfance. 
Un roman intense qui fait parfois battre le coeur beaucoup plus vite et qui, une fois de plus, nous laisse pantois presque hagards. 



Quelques passages... 

"Il savait que c'était à cause de lui, tout ça. C'était son lot, le malheur. sa mère le disait en se penchant sur lui. 
J'ai jamais eu que la poisse avec toi."

"Lui, il pleurait parce que sa mère était revenue. Pendant longtemps pourtant, il en avait rêvé. Les rêves, c'est rien que des mensonges."

"Ils plantèrent des capucines là où ils avaient enterré le chat."

"Chaque semaine, à la télévision, il entendait les mots : réchauffement climatique, deux degrés, trois degrés, danger. Cela ne signifiait rien pour lui. Chaud et sec. Les vieux d'ici parlaient de l'été 1976, ils en avaient connu d'autres. C'était la nature, voilà. des choses avaient changé, bien sûr : l'été précédent, il y avait eu de mantes religieuses dans les jardins. On n'en avait jamais vu, d'ordinaire elles vivaient quatre cents kilomètres plus au Sud. Elles étaient remontées, c'était un signe. Mais les choses changeaient toujours ; c'était cela aussi, la vie. "

"Les hommes étaient intrinsèquement des meurtriers. Ils puaient la mort. Aussi stupides que les cellules cancéreuses détruisant les corps qui les abritent, jusqu'à claquer avec eux. Tuer et être tués. Insensés."

"À présent, il était en charge des autres-de tous les autres. Il n'y aurait plus personne avec qui partager, plus personne pour prendre une partie du fardeau. Plus de conseils, plus de vieille main sur son épaule pour dire qu'il devait aller de l'avant, qu'il devait cesser de réfléchir. Juste de toutes petites mains minuscules et maladroites, qu'il devait tenir jusqu'à ce qu'elle aillent seules, et qu'elles s'agitent pour dire au revoir, puisque les enfants partent toujours- Mais Augustine l'avait dit, il fallait arrêter de tourner en rond, arrêter de penser, c'était comme les regrets, cela ne servait à rien. Mais c'était si difficile. "

"Jamais il ne leur expliqua que l'ennui était un flamboiement, car jamais les enfants ne s'ennuyèrent. Ils avaient perçu l'exhalation de l'imagination, la capacité de faire un monde qui n'existait que dans leur tête, mais auquel leur tête donnait vie cependant."

"Personne ne savait pourquoi ceux-là allaient tuer. Leurs cerveaux étaient devenus fous, seule la mort existait dans leurs veines. "

"Il comprenait ces gens que des ouragans ou des raz-de-marée menacent, et qui refusent de partir."



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